Le Grenier de Clio : Arts & mythologie.
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SECONDE RENAISSANCE

Au XVIe siècle, grâce au mécénat pontifical, Rome succéda à Florence comme centre artistique de l'Italie. Avant le sac de la ville par les Impériaux du connétable de Bourbon en 1527, la cité papale accueillit la plus grande concentration d'artistes jamais réunie. Le rôle du créateur évolua de façon encore plus spectaculaire qu'au siècle précédent. De nombreuses académies furent créées, qui confirmaient le statut professionnel de l'artiste. À la même époque, les innovations artistiques de la Renaissance italienne se diffusèrent en Europe du Nord.
Grâce à l'élégance de ses représentations et à ses multiples artifices techniques, le maniérisme, issu de la Seconde Renaissance, connut un franc succès dans l'Europe catholique. Progressivement soumis à la réglementation des thèmes et de l'expression artistiques imposée par la Contre-Réforme, il perdit, à la fin du XVIe siècle, beaucoup de sa vitalité.

Rome et la gloire papale.

La volonté papale d'ériger Rome en capitale artistique prit corps au XVe siècle et s'accéléra au XVIe. Les papes engagèrent des artistes et des architectes de renom pour entreprendre les travaux d'embellissement et de reconstruction de la ville. Michel-Ange, Raphaël et Bramante dominèrent cette scène artistique. Leur style fut copié dans toute la péninsule.
Michel-Ange (1475-1564) entama sa carrière à Florence, au service des Médicis. Lors de sa première visite à Rome, il sculpta ses premiers chefs-d’œuvre : la Pietà (1499) et David (1501-1504).
Il revint à Rome en 1505 pour concevoir le mausolée du pape Jules II. Le projet fut suspendu l'année suivante. De toutes les statues monumentales initialement prévues, seule celle de Moïse fut réalisée. Le groupe des Esclaves, qui appartenait au même ensemble, illustre parfaitement, par sa langueur et son énergie réprimée, la conception de Michel-Ange : la sculpture est déjà contenue dans la pierre et n'attend que la main du sculpteur pour se libérer.
Le même Jules II lui confia en 1508 la décoration de la voûte de la chapelle Sixtine, qu'il acheva en 1512. Les scènes de l'Ancien Testament, les Prophètes, les Sibylles, les nus s'intègrent avec harmonie dans le cadre architectural. Michel-Ange y déploie toutes ses qualités de dessinateur et de coloriste novateur et traite ses personnages avec une puissance et une concentration hautement sculpturale. Il revint à Rome plus tard pour peindre le Jugement dernier sur le mur du fond de cette même chapelle Sixtine (1536-1541).
Raphaël (1483-1520) répondit à l'appel de Jules II en 1508. Son œuvre majeure reste la décoration des trois Stanze du Vatican — les salles de l'appartement papal —, dont la fameuse fresque œcuménique de l'École d'Athènes. On lui doit aussi les cartons des tapisseries de la chapelle Sixtine, seule œuvre de Raphaël, selon Goethe, qui ne pâtisse pas de la comparaison avec le plafond de Michel-Ange. La richesse d'invention et l'harmonie de ses compositions servirent de référence académique pour des générations de peintres et de critiques.
Donato Bramante (1444-1514) s'établit à Rome en 1499. Il y introduisit la première véritable architecture classique, bâtissant des édifices religieux, des palais et la série de cours reliant le palais pontifical et le Belvédère. Son grand projet pour la basilique Saint-Pierre servit de base à l'édification du nouveau bâtiment et à celle de son dôme, qui fut construit par Michel-Ange.
Le mécénat des Médicis
Si l'on excepte deux périodes d'exil (1494-1512 et 1527-1530), la famille Médicis gouverna les arts florentins des XVe et XVIe siècles, particulièrement sous l'autorité de Laurent le Magnifique et des grands ducs Cosimo Ier, François et Ferdinand Ier.
En l'absence de Michel-Ange, de Raphaël et de Léonard de Vinci, les maîtres des arts florentins sont les peintres Fra Bartolomeo (1472-1517) et Andrea del Sarto (1486-1530). Leurs fresques et leurs retables concentrent parfaitement l'harmonie et la quiétude du style classique florentin pré maniériste. Les thèmes décoratifs du Palazzo Vecchio ainsi que l'agrandissement du palais Pitti et des jardins Boboli sont les principales réalisations du milieu du XVIe siècle : Giorgo Vasari (1511-1574), peintre et sculpteur, en dirigea la plupart des travaux. Dans son livre consacré aux Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes italiens, il rend hommage au talent des artistes florentins auxquels il attribue cette gloire suprême d'avoir surpassé l'art des anciens dans l'imitation de la nature.

La couleur vénitienne.

Giovanni Bellini (vers 1430-1516) et Giorgione (vers 1477-1510) sont les artistes les plus importants de l'école vénitienne du début du XVIe siècle. Giorgione, notamment, fut le premier à représenter des pastorales idylliques qui expriment la parfaite harmonie du paysage et des personnages.
Titien (vers 1490-1576) créa un style de portraits de cour que reprirent de nombreux artistes. Ses œuvres privilégient la richesse lyrique des couleurs et des tonalités, plutôt que le dessin et les lignes.
L'intensité dramatique de l'obscurité et les raccourcis saisissants des compositions caractérisent le style maniériste du Tintoret (1518-1594). La confrérie de San Rocco le choisit pour décorer la Scuola. Contrastant avec ces visions sombres, les peintures de Véronèse (1528-1588) mettent en scène des événements religieux, historiques et allégoriques dans de somptueux cadres vénitiens.

L'architecture du XVIe siècle.

Le plus grand architecte romain après Bramante fut Vignole (1507-1573) qui acheva la construction de la basilique Saint-Pierre. Il établit un code des ordres classiques auquel il recourut pour la construction de l'église du Gesu, église mère de la Compagnie de Jésus, à Rome.
En Italie du Nord, Palladio (1508-1580) s'inspira des dessins des bâtiments publics de la Rome antique et des théories de Vitruve pour transformer l'architecture des palais et des villas, principalement dans la région de Vicence. I] appliqua aussi le classicisme aux églises vénitiennes. Ses Quatre Livres d'architecture (1570) servirent de référence aux architectes des deux siècles suivants, principalement en Angleterre.
En France, l'école et les maîtres italiens influencèrent tous les artistes. Sebastiano Serlio (1475-vers 1554) dessina les plans des châteaux de Fontainebleau et d'Ancy-le-Franc et écrivit un traité d'architecture en sept volumes. L'école française triomphe avec Philibert Delorme (1514-1570), architecte de Chenonceaux et des Tuileries, puis avec Pierre Lescot (1515-1578), dont la cour du Louvre représente le premier exemple d'architecture classique française intégrant les principes ornementaux issus de l'Antiquité.
En Espagne, le palais de Charles-Quint à l'Alhambra de Grenade (1527-1568) témoigne de l'influence italienne. Mais l'austérité du palais de l'Escurial (1563-1584), œuvre d'architectes espagnols gagnés au classicisme italien, s'accorde mieux aux goûts sévères de Philippe II.
En Angleterre, le style de Robert Smythson (1536-1614) révèle les influences de Serlio et des Flamands. L'architecture de ses grandes demeures possède un caractère très personnel. L'architecture palladienne se développa plus tardivement, au début du XVIIe siècle.

 

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