La Renaissance — terme forgé au XIXe siècle — désigne le vaste renouveau intellectuel et artistique que connurent tous les pays d'Europe, à des titres et selon des rythmes différents, à partir des années 1350 et jusqu'à 1550 environ.
La démarche principale des humanistes et des artistes de cette époque réside dans la redécouverte de l'Antiquité et de son legs culturel. Si Florence fut d'emblée au cœur de ce mouvement, Padoue, Venise, puis Rome rivalisèrent bientôt avec elle dans cette quête de l'enseignement antique et de la perfection artistique. Le mouvement s'étendit à l'Europe du Nord au début du XVIe siècle. Il toucha tout autant les formes que les techniques artistiques, et le statut même de l'artiste dans la société.
De simples artisans, les artistes devinrent donc des membres respectés de la société. Le mécénat, ou patronage éclairé des villes, des papes, des rois et de l'aristocratie, favorisa l'épanouissement des arts en suscitant et en finançant de vastes projets. À côté de la peinture et de la sculpture religieuses, toujours florissantes, il faut noter l'apparition de nouveaux thèmes, profanes, historiques, mythologiques ou allégoriques.
Le style décoratif du gothique international ouvrit la voie à la Renaissance italienne. Les peintres Gentile da Fabriano (vers 1370-1427) et Pisanello (vers 1395-1455) sont les chefs de file de cette école. Pisanello apporte déjà un soin particulier au traitement de la perspective, bien que la stylisation gothique prédomine encore dans ses tableaux.
Cet intérêt croissant pour la perspective se retrouve aussi dans les premières œuvres de Filippo Brunelleschi (1377-1446) et dans celles de Lorenzo Ghiberti (1378-1455), notamment ses panneaux de bronze du Sacrifice d'Isaac qu'il présenta au concours organisé pour la décoration des portes du baptistère de Florence, en 1402. Il remporta la compétition et la ville lui commanda une seconde série de panneaux, les Portes du paradis : dorés à l'or fin, ils représentent des scènes de l'Ancien Testament.
Les figures drapées, assises ou debout, de la sculpture de Donatello (1386-1466) préfigurent le style réaliste de la Renaissance. Leur naturel s'inspire des personnages du peintre Masaccio (1401-1428), ceux par exemple des fresques de la chapelle des Brancacci. Le réalisme de la disposition presque architecturale des personnages de la fresque de la Sainte Trinité emprunte, quant à lui, aux créations architecturales de Brunelleschi.
Les peintures de Fra Angelico (vers 1399-1455) et de Filippo Lippi (vers 1406-1469) connurent aussi un grand succès. Elles conservent le caractère raffiné de la peinture gothique, tout en recherchant le réalisme des formes et de l'espace. La splendeur dorée du Couronnement de la Vierge de Fra Angelico contraste avec le style dépouillé des moines en contemplation qui l'entourent. Les compositions de la Vierge à l'Enfant de Lippi, qui incluent une foule de personnages, sont, en peinture, l'équivalent des hauts-reliefs de la sculpture.
Paolo Uccello (vers 1397-1475) est un des premiers peintres florentins à utiliser la perspective. Les raccourcis spectaculaires et les lointaines lignes de fuite des compositions du Déluge ou du triptyque de la Bataille de San Romano caractérisent parfaitement cette nouvelle technique.
Piero della Francesca (1416-1492) poursuivit l'application des règles mathématiques à la peinture. Les compositions et les personnages des fresques de la Légende de la Croix (église Saint-François, à Arezzo) dégagent une monumentalité et une pureté géométrique sans égales à l'époque. Cette simplicité se retrouve dans l'architecture «classique» de Brunelleschi, religieuse ou profane, qui procède de la géométrie pure.
Leon Battista Alberti (1404-1472), humaniste et artiste, hérite de cette tradition. Ses traités éminents sur l'architecture, la peinture et la sculpture se fondent sur les prototypes classiques romains. Ainsi, l'église Saint-André à Mantoue reprend la composition classique d'un temple étrusque, ou bien la façade du palais Rucellai à Florence intègre les trois ordres classiques, selon une règle qui était tombée en désuétude.
Les personnages peints et sculptés par Andrea Mantegna (1431-1506) pour la chapelle Overtari (1459, église des Eremitani à Padoue) témoignent par leurs drapés du souci des formes antiques, et les scènes abruptement raccourcies, d'une perspective artificielle. Les tableaux représentant la famille Gonzague, et la peinture en trompe l'œil du plafond de la chambre des Époux (1474, Mantoue), annoncent l'art des fausses perspectives typiques du XVIe siècle.
Le goût nouveau pour les sujets profanes, historiques ou mythologiques fournit aux peintres d'innombrables thèmes d'inspiration. Les peintures mythologiques de Sandro Botticelli (vers 1445-1510), le Printemps (14771478) et la Naissance de Vénus (14851490), illustrent l'intérêt de l'époque pour la philosophie ésotérique du néoplatonicisme. C'est dans ces visions enchantées que s'exprime pleinement le style linéaire de l'artiste.
Les narrations religieuses de Domenico Ghirlandaio (1449-1494) sont plus puissantes et plus nerveuses. Les Scènes de la vie de la Vierge et de la vie de saint Jean (1486-1490) sont disposées dans un cadre contemporain et florentin (le commanditaire et sa famille apparaissent en bonne place dans la composition) ou bien sur fond de paysage lointain. La vitalité de ces représentations religieuses ou profanes éclate également dans les sculptures d'Antonio Pollaiuolo (1432-1498) et d'Andrea Verrocchio (1435-1488).
Venise
De par sa position géographique et son rayonnement commercial, Venise, et donc ses artistes, a subi l'influence conjointe de la tradition byzantine et de l'Europe du Nord. Le goût des Vénitiens pour les œuvres et les portraits d'inspiration religieuse se confondait avec le style local, qui privilégie l'éclat et la somptuosité des couleurs au recours aux formes classiques.
Dans le domaine de la peinture, il faut souligner le rôle déterminant des confréries laïques de Venise, dont les commandes suscitèrent de nombreuses œuvres. Dans le Miracle de la relique de la Croix de Vittore Carpaccio (vers 1460-1525), l'aspect religieux, quasi occulté par la représentation des nombreux membres de la confrérie, passe au second plan, sur fond de canal vénitien. La peinture à l'huile de Giovanni Bellini (vers 1430-1516) bouleversa l'art vénitien. Il en avait lui-même appris la technique auprès d'Antonello da Messina (1430-1479), qui la tenait des peintres flamands. Le premier style, calme et contemplatif, des retables, des portraits et des paysages de Bellini subit, par la suite, l'éclatante transformation de la profusion des couleurs et de la densité de lumière qui saturent ses toiles.
Léonard de Vinci (1452-1519) personnifie mieux que personne l'artiste de la Renaissance. Peintre, architecte, sculpteur de génie, mais aussi ingénieur, inventeur, savant, mathématicien et philosophe, créateur d'un parachute et de machines volantes, il aborda des disciplines aussi différentes que l'hydraulique et l'anatomie.
Dans sa peinture, il développa la perspective aérienne et les effets monochromes dans l'Adoration des mages (1481) et la Joconde (1503). Dans sa quête perpétuelle de nouvelles techniques, il détériora accidentellement un de ses chefs-d’œuvre, la Cène (14951498). Initiateur de la seconde Renaissance, il jouit, aujourd'hui comme hier, d'une immense renommée