Matisse (1869-1954) est l'un des artistes les plus importants du début du Xe siècle. Maître dans l'art des couleurs et des formes, il fut aussi un sculpteur et un illustrateur de talent. Peintre de nus, de natures mortes et d'intérieurs, son trait est souple et sensible, ses motifs nombreux et décoratifs et sa palette de couleurs riche et intense. En 1908, il écrivait : «Je rêve d'un art harmonieux, pur et serein, sans sujet attristant ou préoccupant». À la fin de sa vie, Matisse ne pouvait plus peindre ; il composa de nombreux tableaux en papiers découpés dans des couleurs pures.
Matisse et André Derain (1880-1954) sont les fondateurs du fauvisme, le premier mouvement artistique moderne du XXe siècle. Lors d'un séjour à Saint-Tropez auprès du peintre néo-impressionniste Signac, en 1904, la vivacité des couleurs de Matisse s'accrut encore. L'année suivante, de sa collaboration avec Derain (qui avait été influencé par Van Gogh), dans le sud de la France, naquirent des toiles aux couleurs lumineuses, peintes à coups de brosse hâtifs et violents.
Au Salon d'automne de Paris en 1905, le critique Louis Vauxcelles qualifia la pièce où ces œuvres étaient exposées de «cage aux fauves», en raison de la vivacité de leurs couleurs et de leurs innovations formelles. Maurice de Vlaminck (1876-1958) est certainement le seul fauviste qui remplisse toutes les acceptions de ce qualificatif. Personnage haut en couleur, tout d'abord coureur cycliste, puis violoniste et journaliste, il employait des couleurs épaisses, qu'il pressait directement du tube sur la toile. Ainsi poussa-t-il à fond la dramatisation des paysages.
Raoul Dufy (1877-1953) fréquenta un temps les fauves. Il conserva leurs couleurs vives dans ses courses de chevaux et ses bords de mer. Albert Marquet (1875-1947) utilisait également les couleurs chatoyantes propres aux fauves dans ses scènes de rues pavoisées et de littoral. Mais il évolua rapidement vers des scènes d'atmosphère soigneusement composées, proches de l'impressionnisme. L'artiste hollandais Kees Van Dongen (1877-1968) peignit les scènes de la vie parisienne nocturne, avec des couleurs violentes et audacieuses. Quant à Georges Rouault (1871-1958), il exposa avec les fauves, sans se réclamer de leur courant. Ses tableaux sur la condition humaine et ses scènes religieuses sont réalisés dans des teintes denses et profondes qui le rapprochent de l'expressionnisme.