Le Grenier de Clio : Arts & mythologie.
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SURREALISME

Créé à Paris, ce mouvement entendait réagir contre le rationalisme et le matérialisme de la société occidentale. Les théories de Breton s'inspiraient des expériences psychanalytiques de Sigmund Freud. La découverte de la possibilité offerte à notre subconscient de générer des visions et des images fantastiques constitue l'idée centrale du surréalisme. Dans le Manifeste du surréalisme (1924), Breton le définit ainsi : «Automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée, en dehors de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.» L'esprit du mouvement se voulait révolutionnaire et ses membres gravitaient autour du Parti communiste. Mais ce dernier se démarqua rapidement du surréalisme, affirmant l'incompatibilité profonde de leurs démarches respectives.
Le surréalisme plastique suivit deux voies. La première adaptait le principe de l'écriture automatique de la poésie surréaliste, qui permettait de libérer l'esprit du conscient et de produire un flot d'idées subconscientes. Les œuvres pouvaient être figuratives ou abstraites. La seconde se fondait sur une reconstruction compliquée et minutieuse d'un monde imaginaire, dans laquelle les objets étaient souvent juxtaposés de façon insolite. Ces deux tendances reflétaient l'intérêt surréaliste pour le hasard.
Ces artistes admiraient le poète français Lautréamont (1846-1870) et sa célèbre comparaison : «Beau comme la rencontre d'une machine à coudre et d'un parapluie sur une table d'opération.» Le peintre italien Giorgio De Chirico (1888-1978) illustra cette approche. Les œuvres qu'il réalisa de 1912 à 1917 obtinrent un retentissement considérable. Il peignait des visions imaginaires de places italiennes dans lesquelles il introduisait des images énigmatiques : statues classiques, mannequins, trains, gants, etc.
La peinture automatique
En 1925, Ernst inventa une nouvelle technique de frottage qui consistait à exécuter des dessins au crayon sur une toile appliquée sur des lattes de parquet ou d'autres supports, équivalent de l'écriture automatique dans le domaine pictural. Il utilisa d'autres procédés tels que la décalcomanie : il étalait de la peinture sur une surface de verre, de métal ou de papier brillant, puis il appliquait l'ensemble sur une toile ou sur du papier avant de transformer cette base formelle en faisant intervenir les «puissances du rêve».
1983) rejoignit les surréalistes en 1923. Il parvint à franchir la frontière qui sépare l'observation du modèle externe de l'expression spontanée du subconscient. Son travail se fonda sur des dessins exécutés selon un automatisme pictural ou hallucinatoire. Grâce à son sens plastique aigu, la composition d'ensemble demeure très organisée.
L'œuvre du Français André Masson (1896-1987) apparaît importante à deux titres : par l'écriture automatique retravaillée en état conscient, qu'il est le premier à pratiquer de façon systématique, et par sa façon de jeter la peinture sur la toile, méthode qui influencera les expressionnistes abstraits américains.
Les peintres oniriques
René Magritte (1898-1967) niait la spontanéité de la peinture automatique qu'il jugeait artificielle et mécanique. Il élaborait des images qui paraissent, à première vue, très conventionnelles, et auxquelles il conférait un caractère imaginaire en pratiquant des modifications d'échelle entre les motifs et des juxtapositions insolites d'objets.
Salvador Dali (1904-1989) adhéra au groupe surréaliste en 1929. Il lui insuffla un nouvel élan par sa méthode de «paranoïaque-critique» qui associait les fantasmes paranoïaques du peintre à un certain degré de détachement objectif et de maîtrise consciente. Dali s'intéressait particulièrement aux phénomènes fantasmatiques qu'il transcrivait avec habileté et dans un style réaliste proche de l'hyperréalisme.
Il expérimenta et développa le surréalisme au cinéma. Il réalisa, en collaboration avec le metteur en scène Louis Buñuel (1900-1983), Un chien andalou (1928) et l'Âge d'or (1930).
Le peintre français d'origine russe Marc Chagall (1887-1985) n'appartient pas au groupe des surréalistes, bien qu'il ait aussi pratiqué un style imaginaire caractérisé par des juxtapositions irrationnelles, dont certaines images s'inspirent d'une culture à la fois juive et russe.

bdp

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