Le Grenier de Clio : Arts & mythologie.
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GRAVURE

La gravure en relief

II existe trois techniques de gravure en relief : la gravure sur bois de fil, la gravure sur bois de bout et la linogravure. Ces trois techniques permettent d'imprimer les reliefs de la planche.
La première de ces techniques est aussi appelée taille d'épargne. En Europe, l'invention de la gravure au bois de fil se généralisa au XVe siècle. Elle servait à l'impression des cartes à jouer et des images pieuses populaires. Cette technique fut employée aussi bien par l'Allemand Albrecht Dürer (1471-1528) que par ses compatriotes expressionnistes du xr siècle. La planche est découpée dans le fil du bois. Le graveur trace son dessin, puis le taille à l'aide de gouges et de canifs. Seules les parties apparaissant en relief sont encrées. L'impression s'exécutait, avant la généralisation de la presse mécanique, en appliquant un support sur le bloc encré avant de le brosser avec un frottoir.
Le mérite de l'invention de la gravure sur bois de bout revient à un certain Thomas Bewik (2753-1828). Contrairement à la technique précédente, la planche est découpée perpendiculairement au fil, dans des bois durs et fins comme l'érable ou le buis. Le graveur travaille au burin, une pointe taillée en losange. Avec ce procédé, l'artiste obtient plus de finesse dans les détails. Au XIXe siècle, les illustrations des livres d'art étaient reproduites suivant cette technique, dont la popularité culmina dans les années vingt.
La linogravure utilise le linoléum, matériau bon marché qui sert à la couverture des sols. Malgré son manque de rendu dans la gravure des détails, cette technique fut très appréciée par de nombreux artistes dans les années vingt, et notamment par l'Espagnol Pablo Picasso (1881-1973).

La gravure en creux

La gravure en creux est aussi appelée taille-douce. L'image est imprimée à partir des lignes gravées en creux dans le métal, soit à l'aide d'outils, soit à l'aide d'un acide qui attaque les surfaces non protégées où l'encre ira se déposer.
Popularisées par les artistes italiens et allemands de la Renaissance, ces techniques tirent leur origine des méthodes de taille des pierres précieuses et de décoration des armures. Elles requièrent une pointe sèche qui découpe des sillons dans le métal, généralement une plaque de zinc ou de cuivre enduite d'une encre grasse. La plaque est alors essuyée de manière à effacer l'encre en surface, puis elle est pressée sur une feuille de papier mouillé qui absorbe l'encre déposée dans les sillons.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les artistes tel le Hollandais Rembrandt (16061669) — eurent recours à l'eau-forte; au XIXe siècle, l'Américain James Whistler (1834-1903) en exécuta de nombreuses. La plaque de métal est tout d'abord recouverte d'un vernis résistant à l'acide. Puis l'artiste y trace le dessin avec une pointe sèche et élimine ainsi le vernis protecteur. La plaque est alors immergée dans un bain d'acide qui dissout le métal aux endroits découverts. Ensuite, elle est nettoyée et prête pour l'impression, de la même manière que par la taille-douce.
L'aquatinte, une variante de l'eau-forte qui imite les lavis de l'aquarelle, fut probablement mise au point par le Français Jean-Baptiste Le Prince (1734-1781). Le principe consiste à plonger une plaque de cuivre recouverte de poudre de résine dans plusieurs bains d'acide successifs, en fonction des tonalités souhaitées. À chaque bain, l'acide attaque les espaces découverts, donnant à la plaque l'aspect granuleux qui permettra de retenir l'encre. L'artiste peut tracer ou graver le dessin avant d'enduire la plaque ou travailler uniquement à l'acide.
Le mezzo-tinto, ou gravure «à la manière noire», est une autre technique pour obtenir des estampes d'après des peintures à l'huile. Très répandue aux XVIIIe et XIXe siècles, son invention est attribuée à l'Allemand Ludwig von Siegen (16091676), en 1642, et son développement au prince Rupert de Bavière. Cette gravure s'effectue en grattant une plaque grenée, pour obtenir, à partir d'un fond noir uniforme, différentes valeurs de gris et même du blanc.

Les techniques planographiques

Ces techniques se caractérisent par l'impression en surface.
Le principe de la lithographie — du grec lithos qui signifie «pierre» — repose sur l'incompatibilité de l'eau et de l'huile. L'artiste dessine au crayon gras ou à l'encre grasse sur une pierre, ou un alliage grené, de plusieurs centimètres d'épaisseur. Puis il applique sur les surfaces non dessinées une solution d'eau, d'acide nitrique et de gomme arabique qui sert à repousser l'encre lithographique étalée ultérieurement sur la pierre mouillée. Lors de l'impression, les parties grasses retiennent l'encre et les parties mouillées la repoussent.
Les Français Honoré Daumier (18081879) et Toulouse-Lautrec (1864-1901) firent en leur temps abondamment usage de la lithograhie qui a, depuis lors, profité de nombreuses innovations technologiques telles que l'offset ou la photolithographie.
La sérigraphie est plus récente. Cette technique consiste pour le graveur à tendre un écran de soie ou de gaze sur un cadre de bois ou de métal et d'y appliquer un cache (pochoir) évidé en fonction des motifs à imprimer. L'impression sur un support se fait par diffusion des couleurs à travers le tissu.

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